NOURRIR. v. tr. Sustenter, servir d'aliment. Les aliments propres à nourrir l'homme. Cette fertile région produit tout ce qui est nécessaire pour nourrir hommes et animaux.
Absolument, Le pain nourrit beaucoup. Certaines viandes nourrissent trop.
Cet enfant, cet animal se nourrit bien, se nourrit mal, Les aliments lui profitent bien, ne lui profitent pas.
Par analogie, Cet arbre n'a pas de quoi se nourrir, Il est planté dans une mauvaise terre où il ne trouve pas un suc convenable et suffisant.
Fig., Ce blé, ce grain est bien nourri, Il est bien plein, bien rempli.
Fig., Un style nourri, Un style riche, plein, abondant. Un ouvrage nourri de pensées, de réflexions, Un ouvrage où les pensées justes, les réflexions judicieuses abondent. On dit aussi Un écrivain nourri des bons auteurs, Un écrivain qui fait preuve d'une grande connaissance des bons auteurs.
En termes de Peinture, Une couleur nourrie, Une couleur bien empâtée. Un trait nourri, Un trait qui n'est pas trop fin.
En termes de Calligraphie, Cette lettre est bien nourrie, Les traits qui la forment ont beaucoup de corps. Elle n'est pas bien nourrie, Elle est plus déliée qu'il ne faut.
En termes de Musique, Nourrir les sons, Faire qu'ils soient pleins et les soutenir pendant leur durée.
En langage militaire, Feu nourri, fusillade nourrie, Fusillade violente.
NOURRIR signifie aussi Élever un nouveau-né on l'allaitant. Elle a nourri ses trois enfants. Absolument, Cette femme nourrit.
Il signifie encore Entretenir d'aliments. Je l'ai vêtu et nourri pendant dix ans. Les enfants sont obligés de nourrir leur père et leur mère dans le besoin. Je lui donne tant par an pour me loger et pour me nourrir. On est bien nourri, on est mal nourri dans cette pension, dans cet hôtel. Être logé et nourri. Les oiseaux de proie se nourrissent de chair. L'homme se nourrit de pain, de viande, de légumes, etc. Cet anachorète ne se nourrit que de racines sauvages.
Fig., N'être pas nourri, N'être pas suffisamment nourri, être mal nourri. Les enfants ne sont pas nourris dans cette pension, dans ce collège. Les domestiques ne sont pas nourris dans cette maison.
Par plaisanterie, Cet homme est bien nourri, Il a beaucoup d'embonpoint.
NOURRIR signifie au figuré Instruire, élever. Ce jeune homme a été nourri dans l'amour de la vertu, dans la haine du vice. Il a été nourri aux lettres latines.
Fig., Il nourrit un serpent dans son sein, Il élève, il protège, il assiste un ingrat, un méchant qui le perdra, qui le ruinera quelque jour.
NOURRIR se dit aussi d'un Pays qui ordinairement en fournit un autre de vivres, d'une terre, d'un domaine qui donne au propriétaire de quoi le faire subsister, d'une profession qui procure de quoi vivre à celui qui l'exerce. La Sicile nourrissait Rome. Cette terre le nourrit, lui et toute sa famille. Ce métier ne nourrit pas son homme.
Il signifie quelquefois Produire, porter, renfermer. L'Afrique nourrit beaucoup d'animaux féroces. Cette terre nourrit une race d'hommes forts et courageux. Cette mer nourrit des poissons voraces et destructeurs. En ce sens, il vieillit.
NOURRIR signifie, au figuré, Donner un aliment. Nourrir son imagination de chimères. Se nourrir de la parole de Dieu. Il se nourrit d'idées tristes.
Il signifie aussi, figurément, Entretenir, faire subsister, faire durer. Nourrir l'espoir, le mécontentement, l'orgueil de quelqu'un. Nourrir dans son âme une passion malheureuse, un amour sans espérance, des souvenirs pleins de charmes. Nourrir en soi une illusion.
Nourrir un numéro à la loterie, Mettre sur le même numéro à chaque tirage, en augmentant toujours la mise.
NOURRIR se dit également de Certaines choses qui en entretiennent d'autres, qui les font profiter. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. Mettre du fumier au pied d'un arbre pour le nourrir. Le bois nourrit le feu.
Fig., Nourrir un dossier. Les services mutuels nourrissent l'amitié. L'étude, la lecture, la conversation des hommes éclairés nourrit l'esprit.
Tout ou partie de cette définition est extrait du Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition, 1932-1935