OMBRE. n. f. Obscurité relative qui cause un corps opaque en interceptant la lumière. Se coucher, se reposer, s'endormir à l'ombre d'un arbre, d'un buisson. Se mettre, se promener à l'ombre. Chercher l'ombre et le frais. Cet arbre ne fait guère d'ombre, ne donne guère d'ombre. Cette plante aime l'ombre, vient mieux à l'ombre qu'au soleil. L'ombre de la terre projetée sur la lune en provoque l'éclipse.
Fig., Laisser quelqu'un dans l'ombre. Cette action jette une ombre sur sa gloire.
Fig., Tout lui fait ombre, Il craint tout ce qui pourrait l'éclipser. On dit plutôt Tout lui fait ombrage.
Fig., Passer comme l'ombre, comme une ombre se dit des Choses passagères, de courte durée. La vie des hommes passe comme l'ombre. Le plaisir passe comme une ombre.
Fig., et pop., Mettre un homme à l'ombre, Le mettre en prison.
Il signifie, par extension, Absence de clarté, obscurité. Les ombres de la nuit. Le soleil chasse, dissipe les ombres. Fig., Les ombres du mystère, L'obscurité qui couvre les choses secrètes. Les ombres de la mort, l'ombre du tombeau, La mort, le tombeau.
OMBRE désigne particulièrement l'Apparence, les contours des corps qui projettent l'ombre. L'ombre à une certaine heure est l'image des corps. Les ombres s'allongent quand le soleil approche du couchant.
Ombres chinoises, Silhouettes découpées et projetées en noir sur un écran. Théâtre d'ombres.
Fig., Il le suit comme son ombre se dit d'un Homme qui en suit un autre partout. On dit aussi Il ne le quitte pas plus que son ombre; et, figurément, dans le même sens, C'est son ombre. Dans un sens analogue, on appelait Ombres, chez les anciens Romains, les Personnes que les convives invités amenaient avec eux.
Fig. et par exagération, Il a peur de son ombre se dit d'un Homme qui s'effraie et s'alarme trop légèrement.
Fig., Courir après une ombre, Se livrer à une espérance chimérique.
Fig., Lâcher la proie pour l'ombre, Abandonner un avantage réel pour un profit illusoire.
OMBRE signifie aussi Légère apparence. Il n'y a pas ombre de doute, l'ombre d'un doute. Il n'a pas l'ombre de bon sens, de sens commun. Il n'y a pas à cela l'ombre d'une difficulté. Cette nation n'avait plus que l'ombre de la liberté. L'ombre même du mal lui fait peur.
Il se dit, figurément, d'une Personne ou d'une chose personnifiée qui a perdu les qualités, les avantages qui faisaient sa force, sa grandeur, son éclat. Ce beau génie s'est affaibli avec l'âge, il n'est plus que l'ombre de lui-même. La république romaine n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été autrefois.
OMBRE, en poésie et dans certaines religions, signifie tantôt l'Âme après qu'elle a quitté le corps, tantôt une Apparence, un simulacre du corps, après que l'âme en a été séparée par la mort. L'ombre d'Achille lui apparut. L'ombre de César. L'ombre du grand Pompée. Les pâles ombres. Pluton règne sur les ombres. Le royaume des ombres. Un magicien qui évoquait les ombres.
OMBRE, en termes de Peinture, se dit des Couleurs sombres qu'on emploie dans un tableau pour représenter les parties des figures ou des objets les moins éclairées, et qui servent à donner du relief aux autres. Ménager les ombres. Les ombres sont bien distribuées dans ce tableau.
Ombre portée, Toute ombre qu'un corps projette sur une surface; et l'Imitation qu'on en fait dans un dessin, dans un tableau.
Fig., C'est une ombre au tableau se dit d'un Léger défaut qui atténue, mais n'efface point les beautés d'un ouvrage, les bonnes qualités d'une personne.
Terre d'ombre, Terre brune et noirâtre dont on se sert dans la peinture pour ombrer.
SOUS L'OMBRE DE, SOUS OMBRE DE, loc. prép. Sous apparence de, sous prétexte de. Il a attrapé bien des gens sous ombre de dévotion, sous ombre de piété, sous l'ombre de la dévotion, de la piété. Il lui a fait un mauvais tour sous ombre d'amitié, sous ombre de lui vouloir du bien.
À L'OMBRE DE, loc. prép. Sous la protection de, à la faveur de. Qu'a-t-il à craindre à l'ombre d'un si puissant protecteur?
Tout ou partie de cette définition est extrait du Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition, 1932-1935